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Né à Bourges, le Cinémobile est une véritable salle de cinéma

Photo du rédacteur: Hugo HarnoisHugo Harnois

A l’extérieur, il ressemble à un poids-lourd classique. Mais à l’intérieur, vous y découvrirez une salle de cinéma grandeur nature, avec écran de projection et une petite centaine de traditionnels fauteuils rouges. D’abord né de l’initiative d’une maison culturelle à Bourges, le Cinémobile a ensuite été développé par le Conseil régional du Centre-Val de Loire il y a presque 40 ans. Aujourd’hui, trois salles de cinéma itinérantes se déplacent dans 46 communes de moins de 3500 habitants. Ces dernières sont réparties sur cinq départements : le Loiret, mais aussi le Cher, l’Indre, l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher.

D’abord né de l’initiative d’une maison culturelle à Bourges, le Cinémobile a ensuite été développé par le Conseil Régional du Centre-Val de Loire il y a presque 40 ans (photo @CICLIC Centre-Val de Loire).


Composé de 10 salariés et doté d’un budget annuel de fonctionnement d’un million d’euros, le Cinémobile est « unique en France, voire en Europe », assure Philippe Germain, directeur général du CICLIC Centre-Val de Loire, l’établissement public créé par l’Etat et la Région.


Pourquoi avoir créé le Cinémobile ?


Nous avons une région marquée par une ruralité forte, avec un certain nombre d’habitants qui sont éloignés des centres urbains dans lesquels on trouve des propositions culturelles. Bien avant que l’on ne parle de déserts ruraux, il y a eu une mobilisation politique importante pour que tous les citoyens aient accès à des propositions cinématographiques, grâce à la mise en place du Cinémobile. Et ce qui est intéressant, c’est que c’est un modèle qui a été construit, déployé et mis en œuvre par une entreprise basée dans le Loiret : « Toutankamion ». Au-delà d’une politique culturelle, c’est aussi une aventure industrielle.



Et vous dîtes que le Cinémobile est « unique en France » ?


Ce qui n’est pas unique, c’est qu’il existe déjà une forme de cinéma itinérant dans le pays. Mais ce qui n’a jamais été déployé dans d’autres territoires, c’est d’avoir une salle de cinéma sur roues. Et nous défendons l’idée que c’est une véritable salle de cinéma, car le confort et la qualité de projection n’ont rien à envier à une salle de cinéma en dur.


Par qui le Cinémobile est-il financé ?


Le soutien principal du Cinémobile est le Conseil régional du Centre-Val de Loire, à hauteur environ de 70%, que ce soit dans l’investissement ou le fonctionnement. Après, il y a aussi nos recettes qui fonctionnent puisque c’est à peu près 60.000 entrées à l’année, dont 25.000 scolaires et jeunes publics, ce qui est intéressant. Nous avons aussi des aides du ministère et du Centre National du Cinéma.


Pourquoi l'avoir créé et quels sont vos objectifs ?


Il y a plusieurs enjeux. Je le disais plus haut, le premier enjeu fort est d’avoir accès à une proposition culturelle de premier plan, même si on habite en zone rurale. La culture, c’est aussi un moteur social, économique, c’est du vivre-ensemble. C’est aussi, dans notre société, se forger comme être humain en découvrant des œuvres. Il y a aussi ce côté participatif, nous défendons l’idée que le Cinémobile ne doit pas être un objet hors-sol qui n’aurait aucun lien avec le territoire. C’est pourquoi nous travaillons beaucoup avec des correspondants qui collaborent avec nous sur la programmation. On veut aussi travailler avec les scolaires en se posant cette question : comment accompagne-t-on le jeune public à découvrir ces œuvres ? On est en lien avec les écoles primaires et les centres sociaux, car on sait que c’est au moment du temps scolaire que se fondent les réflexes d’aller découvrir les films en salle.


En termes de choix de programmation, quelle est votre philosophie ?


On a envie de défendre toutes les formes d’expression cinématographique. On n’est pas seulement là pour projeter les blockbusters et d’autres films attendus, même si ce sont des œuvres qu’il faut proposer. On est aussi là pour faire découvrir des films courts, des documentaires, des films indépendants. Par exemple, on a fait une opération autour du film "All We Imagine As Light", Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, parce qu’on a aussi une politique de soutien à la création.


Et quels sont les films qui ont le mieux marché cette année ?


Cela correspond à la tendance des autres salles de cinéma. "Un p’tit truc en plus", avec plus de 3500 entrées ; "Vice Versa 2" avec près de 1800 entrées ; et "Wish" avec 1261 entrées.


N'est-il pas compliqué de concurrencer les plateformes de streaming, toujours plus nombreuses et incitant les gens à rester chez eux ?


C’est le vrai défi qu’on a tous : faire en sorte que les gens aillent en salle de cinéma pour vivre une expérience. Il y a un vrai travail d’animation à faire pour proposer aux spectateurs ce qu’ils n’ont pas chez eux. C’est la qualité des projections, les rencontres collectives, l’animation avec un réalisateur qui vient présenter son film, c’est tout ce lien social. Il faut toujours créer ce facteur de différenciation. Je n’ai rien contre les plateformes mais il s’agit d’un acte très individuel, alors qu’avec le Cinémobile, on peut aussi se rencontrer. Certains des spectateurs les plus assidus font même des formules ciné-club. Ils se retrouvent après une séance chez l’un d’entre eux pour diner ensemble et parler du film. C’est cela qu’on essaye de défendre.


Avez-vous d’autres collaborations dont vous souhaitez nous parler ?


Oui ce qu’on essaye de défendre, ce sont des actes de solidarité. On travaille beaucoup avec des associations, comme le Secours catholique et Emmaüs, pour pouvoir proposer des tarifs très peu onéreux. L’idée est que tout le monde ait accès aux films, malgré des contraintes économiques. On a également créé des programmations dans les EHPAD, pour pouvoir faire découvrir des films du patrimoine aux résidents qui ne peuvent pas se déplacer.


D’autres actions de ce genre sont-elles prévues prochainement ?


J’aimerais déployer un projet qui s’appellerait « tickets suspendus », à l’image des « cafés suspendus ». Concrètement, vous payez deux places, vous n’en gardez qu’une, et on donnera l’autre à une structure qui la distribuera à des gens qui n’ont pas les moyens d’aller au cinéma. Cette notion de solidarité est très importante.


Infos pratiques :

Le Cinémobile fait une petite pause depuis le mardi 17 décembre et sillonnera à nouveau les routes de la région à partir du mercredi 8 janvier dans le Loiret, sur les communes de Lorris et Fay-aux-Loges.

Plein tarif : 6,20 euros.

Tarif réduit : 4,50 euros (sur présentation d'un justificatif pour les étudiants, scolaires, demandeurs d'emploi, familles nombreuses, plus de 60 ans et personnes en situation de handicap).

Carte de fidélité (6 places) : 24 euros (soit 4 € la séance).

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