Annabelle Ballot-Pottier : faire rayonner les entreprises françaises à Miami avec la FACC

SÉRIE SPÉCIALE ABROAD. Entre dynamisme économique et synergies stratégiques, la Chambre de Commerce Franco-Américaine s’impose comme un acteur clé. À sa tête : Annabelle Ballot-Pottier.

« Je pensais savoir ce qu’était une chambre de commerce, mais en fait, pas du tout. C’est une véritable start-up, il faut la structurer, la rendre rentable, créer du réseau… C’est un challenge entrepreneurial permanent. »

Miami, ville d’opportunités et carrefour des Amériques, attire un nombre croissant d’entreprises françaises cherchant à s’implanter aux États-Unis. Derrière cette expansion, Annabelle Ballot-Pottier directrice exécutive de la French American Chamber of Commerce (FACC) de Floride, œuvre depuis 2022 pour accompagner et connecter les entrepreneurs français et internationaux à l’écosystème local.

Après avoir fait carrière dans l’aviation commerciale, elle a pris les rênes d’une FACC fragilisée par la pandémie et l’a transformée en un véritable hub d’accompagnement et de réseautage pour les entreprises. Grâce à des synergies avec la French Tech Miami, le groupe Manatech et l’espace de coworking baptisé Le Booster, elle impulse une nouvelle dynamique et renforce l’ancrage des entrepreneurs français dans un marché floridien en pleine expansion.

Un parcours marqué par l’adaptabilité et l’audace

Arrivée aux États-Unis en 2002, Annabelle suit d’abord son petit-ami – qui deviendra son mari - sans imaginer que Miami deviendrait son port d’attache professionnel et personnel. Elle enchaîne plusieurs petits boulots, avant de se faire une place dans l’aviation commerciale. Pendant 15 ans, elle occupe des postes à responsabilité dans le domaine du marketing et du développement commercial au sein d'Air France, puis de Delta Air Lines, avant de rejoindre Lufthansa.

Mais la pandémie de Covid-19 bouleverse tout. Clouée au sol comme les avions dit-elle, Annabelle reconsidère ses ambitions professionnelles. C’est à ce moment qu’elle rejoint la FACC de Floride, une organisation qu’elle connaissait bien pour y avoir siégé en tant que membre du conseil d’administration.

« Je pensais savoir ce qu’était une chambre de commerce, mais en fait, pas du tout. C’est une véritable start-up, il faut la structurer, la rendre rentable, créer du réseau… C’est un challenge entrepreneurial permanent. »

En 2022, elle prend officiellement la direction de la FACC, alors en difficulté après la pandémie. Pendant un an et demi, elle est seule aux commandes, reconstruisant tout de A à Z. Aujourd’hui, une équipe de cinq personnes l’accompagne dans le développement de la chambre.

La FACC : un réseau d’entrepreneurs pour des entrepreneurs

Contrairement aux Chambres de Commerce et d’Industrie françaises (CCI), qui bénéficient de financements publics, la FACC est une entité privée indépendante, 100 % financée par ses membres et ses activités.

« Nous fonctionnons comme une start-up : il faut équilibrer le réseau des entrepreneurs, les services aux entreprises et les adhésions pour assurer la viabilité de la chambre. » Aujourd’hui, la FACC compte plus de 200 entreprises adhérentes et entre 500 et 600 membres individuels.

Ses missions sont triples :

1. Créer un réseau efficace et actif d’entrepreneurs grâce à des événements, rencontres et mises en relation,

2. Accompagner les entreprises dans leur implantation et leur développement sur le marché américain,

3. Faciliter la croissance des entreprises déjà établies à Miami et en Floride.

« Nous ne sommes pas uniquement une porte d’entrée pour les entreprises françaises, nous sommes aussi un accélérateur de croissance. »

Une synergie stratégique avec la French Tech Miami

Depuis plusieurs années, la FACC et la French Tech Miami collaborent étroitement pour accompagner les start-ups françaises cherchant à pénétrer le marché américain. « Nous avons historiquement aidé la French Tech Miami à se structurer. Aujourd’hui encore, nous assurons un soutien administratif, logistique et financier pour leurs événements et leurs projets. »

Récemment, un nouveau board à la tête de la French Tech Miami a changé la dynamique de collaboration. Avec trois co-présidents aux profils complémentaires – Corine Busson-Benhammou, David Azar et Bertrand Leroux -, la relation s’est renforcée et une convention officielle entre les deux entités est en cours de validation.

« Nous voulons formaliser cette relation pour qu’elle ne repose pas uniquement sur les personnes en poste. Nous serons parmi les premières villes à établir une telle convention structurée. » L’objectif : assurer la continuité et la croissance du réseau, en offrant aux start-ups françaises un accès direct à l’écosystème local.

Manatech et le Booster : créer un hub entrepreneurial franco-américain

En parallèle, la FACC développe une initiative ambitieuse avec le groupe Manatech (Moshe Mana, entrepreneur de renommée aux US), un acteur clé de l’innovation à Miami. « Nous avons déménagé deux fois pour les suivre dans leur projet et sommes aujourd’hui la première entité internationale à nous associer à eux. » Cette collaboration a permis à la FACC de déployer le concept du Booster, un espace de coworking dédié aux entreprises françaises et internationales souhaitant s’implanter à Miami.

Le Booster : un tremplin pour les entreprises françaises

Cet espace de travail adapté aux start-ups et entrepreneurs leur offre un accès direct aux experts locaux et aux opportunités d’affaires. Elle fait office de plateforme d’accueil pour les jeunes entreprises en phase de test du marché américain.

« Ce n’est pas seulement un lieu de coworking, c’est une véritable rampe de lancement pour les entreprises françaises qui souhaitent se développer aux États-Unis » précise Annabelle.

Miami, un marché en plein essor pour les entrepreneurs français

Depuis la pandémie, Miami connaît une croissance économique fulgurante. L’arrivée massive d’entreprises et de talents de New York et de Californie a renforcé son attractivité dans les secteurs de la tech, du luxe et de la finance. Mais malgré cette dynamique, les structures d’accompagnement n’ont pas encore atteint le niveau de l’ambition de la ville.

« Miami est une ville extraordinaire, mais la FACC et la French Tech doivent encore évoluer pour répondre aux besoins croissants des entreprises françaises. » L’un des défis est aussi d’ouvrir la FACC à des entreprises non françaises. « Aujourd’hui, 80 % de nos membres sont des entreprises françaises. Nous voulons attirer davantage d’acteurs américains et internationaux pour créer un véritable carrefour d’opportunités. »

Pour cela, la FACC développe des partenariats avec la Chambre du Québec et la Chambre du Mexique, renforçant ainsi le positionnement de Miami comme porte d’entrée vers les Amériques. Avec un réseau en pleine expansion, des synergies renforcées avec la French Tech, le groupe Manatech et les autres chambres internationales, la FACC s’impose comme un acteur clé du développement économique franco-américain à Miami.

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