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Dans le Loiret aussi, on distille des spiritueux !

Photo du rédacteur: Hugo HarnoisHugo Harnois

Dernière mise à jour : 6 déc. 2024

Agriculteur est un travail à temps plein, mais ce n’était visiblement pas encore suffisant pour Pauline Leluc et son mari, Paul-Henri. Après avoir repris la ferme familiale en 2007 pour produire céréales, maïs et autres pommes de terre, le couple s’est lancé dans une nouvelle aventure. Depuis maintenant six ans, les deux bourreaux de travail gèrent également une distillerie et produisent plusieurs spiritueux. Le tout dans le Loiret, à Faronville, près d’Outarville.

Après avoir repris la ferme familiale en 2007 pour produire céréales, maïs et autres pommes de terre, le couple s’est lancé dans une nouvelle aventure (photo @faronville).


Pourquoi avoir voulu étendre votre offre commerciale ?


Pauline Leluc : l’idée était de monter un projet de couple sur notre ferme qui puisse mettre en avant notre expertise agricole. Notre souhait était de travailler de chez nous, et de faire de notre ferme le théâtre d’un projet, de créer un produit qui partait des matières premières que l’on produisait dans nos champs. Puis nous sommes tous les deux de grands amateurs de spiritueux. L’idée s’est un peu imposée d’elle-même. En France, des fermes-distilleries comme la nôtre, il n’y en a pas dix. Aujourd’hui, l’un ne va pas sans l’autre, la ferme ne peut pas aller sans la distillerie, et inversement.


Avec quel produit avez-vous commencé ?


Nous créons de la matière première, en l’occurrence des pommes de terre, et on a donc débuté avec de la vodka. Personne en France ne travaille la pomme de terre en distillation, on s’est alors dit qu’on allait se lancer dans ce projet ambitieux, d’autant plus qu’on était très motivés. On vient de l’école polonaise, avec des vodkas naturellement plus rondes, plus aromatiques. C’est le créneau des vodkas de dégustation, et non pas des vodkas neutres et éthyliques. On a aujourd’hui trois vodkas : deux blanches, et une qui est vieillie en fût de chêne, c’est une série limitée.


Avez-vous d’autres spiritueux ?


En parallèle, on a commencé assez rapidement à développer la gamme des whiskeys, et là, c’est réalisé à partir d’orge. On a aussi un gin, mais on souhaitait qu’il soit traditionnel, pas clivant. Donc on n’a pas mis une botanique trop marquée pour être sur un produit très frais, très floral, qui peut se boire pur sans aucun problème.


Aviez-vous déjà de l’expérience dans ce domaine ?


On n’en avait jamais fait, et à la base, on n’est pas issus d’une région productrice de spiritueux. Donc on n’a pas la culture du spiritueux mais on a celle de la matière première, et on a l’exigence du produit. Il n’était pas question pour nous de sortir un produit perfectible mais qui soit à la hauteur de ce que l’on voulait, on n’était pas pressés. Et ce qui est hyper encourageant, c’est qu’on a participé en septembre dernier au concours World Spirits Awards. On y a remporté la médaille de bronze pour l’un de nos trois whiskeys dans la catégorie des single malt de moins de 12 ans. Ça nous amène à continuer sur notre lancée, même si l’on ne se repose pas sur nos lauriers.


Être distilleur nécessite-t-il une formation spécifique ?


Mon mari, qui gère la production, s’est formé au début de l’aventure chez un autre distillateur des Hauts-de-France qui avait le même type d’alambic que nous. Puis après, il a fait de nombreux voyages en Ecosse et en Irlande. Aujourd’hui, il fait quatre métiers en un : agriculteur, maitre brasseur, maître distillateur et maître de chai. Sans oublier que nous nous chargeons du commerce, et qu’on participe à des salons. Donc on ne compte pas notre temps, mais on est passionnés.


Justement malgré votre motivation, est-ce que ce défi a été compliqué à mettre en place ?


On n’a pas commencé avec le plus facile, parce que la vodka n’est pas l’alcool qui se vend le plus. Pour leurs spiritueux, nos clients – principalement des cavistes – vendent en majorité du whiskey et du rhum. Mais on s’est positionnés sur un concept original : la ferme-distillerie, et autour de la pomme de terre. Donc on a réussi à imposer notre marque, et pas seulement dans la région Centre – Val de Loire, pour cette double spécificité. Car c’est à la fois une vodka agricole et de pomme de terre. Ce qui n’a rien à voir avec les vodkas que l’on connait, de types Zubrowska ou Poliakov. On a creusé notre sillon avec notre bâton de pèlerin en allant expliquer comment on travaille et qui sont les personnes derrière ce produit. Et au fur et à mesure du développement de la gamme, l’histoire reste toujours la même et notre façon de travailler aussi : on part de notre matière première et on la transforme chez nous.


Au-delà des cavistes, quels sont vos clients ?


Il y a aussi des épiceries fines, quelques magasins de producteurs basés dans la région, et on commence à s’implanter de plus en plus dans les CHR, les caves, hôtels et restaurants.


Sur votre site internet, vous dites vouloir « mettre en avant le terroir ». Ça veut dire quoi ?


Aujourd’hui, le terme « local » est un peu galvaudé. Nous, l’idée, c’est vraiment d’insister sur le fait que nos produits soient directement rattachés à leur terroir et aux hommes qui y travaillent. Être agriculteur aujourd’hui, c’est rallier un homme avec un terroir et un produit. Et nous, on parle beaucoup de terroir, ce qui se fait très peu dans le domaine des spiritueux. On a une véritable expertise agricole, ce qui permet de comprendre l’évolution du goût de nos produits et comment on les créé.


Avez-vous des chiffres à communiquer, comment la distillerie fonctionne-t-elle ?


Par an, on est en mesure de commercialiser entre 12.000 et 15.000 bouteilles de whiskey, 8000 de gin et 6000 de vodka. Ça continue à évoluer depuis le début, puisqu’on étoffe la gamme tout doucement. Mais à l’avenir, l’idée n’est pas de proposer un produit par an. On n’aura pas davantage de vodkas, par exemple. En revanche, pour les whiskeys, on est sur le créneau des single malt. C’est la catégorie qui est la plus, entre guillemet, prestigieuse, on s’est donc positionnés sur un produit plutôt haut de gamme.


Quel avenir souhaitez-vous donner à votre distillerie ?


On veut installer nos gammes au-delà de la région, et se faire connaitre sur le territoire français. Aujourd’hui, on a environ 400 revendeurs dans le pays, dans la région Centre – Val de Loire principalement, mais aussi à Lille, Lyon, Brest ou encore Strasbourg. On aimerait aussi se tourner vers l’export. Dans un second temps pour le whiskey, on veut aussi développer des séries limitées, en plus de nos trois gammes.


Infos pratiques :

Pauline et Paul-Henri Leluc proposeront leurs produits au marché de Noël d’Orléans

jusqu’au 24 décembre.

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