L’entreprise "Les Truffières du Berry" a été lancée il y a 3 ans et demi par David Sarrazin, 49 ans, ancien colonel des sapeurs-pompiers et diplômé en sciences-politiques. L'objectif : subvenir aux besoins du marché liés à la rareté et à la forte demande de ce champignon : chaque année, 41 tonnes sont produites en France, alors que le besoin estimé est de 1000 tonnes !
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Adeline et David Sarrazin, fondateurs des Truffières du Berry et “Adopte un chêne”.
Quelle fut l’étape la plus compliquée dans la création de votre entreprise ?
Le plus dur au départ est de convaincre et gagner en crédibilité auprès des autres car, devenir agriculteur, surtout en tant qu’ingénieur de 46 ans, se fait souvent de père en fils. J’ai dû prouver aux gens que j’étais capable de relever ce défi. C’est avant tout ma passion et ma curiosité pour la mycologie qui m’a motivé car, lorsque je suis arrivé dans le Berry, j’ai eu une sorte de frustration : il n’y avait pas de champignons aériens. En tant qu'amateur de cueillettes, j’étais contraint d’aller en Sologne pour assouvir ma passion. Mais le sol du Berry est à la truffe et non aux champignons aériens. C’est ainsi, fort de tous ces constats que j’ai lancé les Truffières du Berry et “adopteunchêne”.
Comment avez-vous financé votre projet ?
Nous avons réalisé une levée de fonds participative : notre premier parterre de 16 hectares a entièrement été financé par les préventes des 800 premiers arbres et les 4000 suivants se sont vendus très vite.
Pouvez-vous nous parler de l’évolution de votre entreprise ?
Au commencement, je voulais simplement planter une quinzaine de chênes à ma retraite, mais j’ai fini par me lancer 15 ans avant. Aujourd’hui, cela représente plus de 3 000 propriétaires, présents sur tous les continents et dans tous les pays francophones. Ces 3 000 personnes ont fait le choix de s'offrir un chêne, tout en s’engageant dans une économie participative et ainsi nous ont permis de lever des fonds et d’initier une démarche professionnelle. Je suis maintenant à la tête d’une exploitation de 40 hectares et de 18 000 arbres dont 2 tiers sont sous la propriété de personnes extérieures mais, pour lesquelles je m’occupe d’entretenir leurs arbres. C’est grâce à eux que j’ai pu passer deux fois à la télévision : la première fois sur France 5 avec “C Jamy” et, la deuxième fois, grâce aux réseaux sociaux, je suis passé en direct sur BFM Business, ce qui m’a permis d’attirer d’autres profils d'acquéreurs.
Actuellement, nous sommes deux personnes à travailler au sein de l'entreprise, moi-même à temps plein, et j’ai le soutien de ma conjointe, qui est également mon associée, et qui s’occupe de l’administration, de la comptabilité et qui gère la base de données. De temps en temps, on a aussi des coups de main extérieurs provenant de stagiaires, de saisonniers ou encore en faisant des échanges d’heures de travail avec d’autres agriculteurs. On est parti sur le format le moins coûteux possible, avec des outils pour nous faciliter les tâches (investissement dans une machine de désherbage sans produit chimique provenant d’un marchand italien). Ce sont des équipements rares et chers, surtout pour des micro-producteurs, donc cela implique de l’innovation et de l’inventivité.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Nous avons créé, au sein de notre entreprise, un pôle R&D pour les récoltes. Nous voulons également aborder l’angle de la transformation de la truffe, en travaillant avec d’autres producteurs locaux afin de fournir des produits 100% bio, 100% Berry car, “celui qui ne grossit pas, maigrit”. Nous avons de la chance, car “Adopte un chêne” est une marque déposée et actuellement, les seuls modèles assez proches proposent des opérations entre 400 et 800 euros l’arbre, alors que nous, nous proposons un arbre pour 125 euros. En effet, le temps étant de l’argent, les personnes vont acheter un jeune arbre et le laisser pousser, en laissant faire la nature.
Pouvez-vous nous raconter votre plus grande réussite et votre plus gros échec ?
Une de mes plus grandes réussites est, je pense, d’avoir réussi à planter à la main, avec un groupe d’amis, 6 500 arbres en 3 semaines pour le lancement. Un de mes échecs, je pense, serait d’avoir cru qu’il était nécessaire de s’associer pour démarrer, il ne faut pas hésiter à partir seul, cela facilite les choses notamment concernant le partage du travail. Si je devais donner un conseil, ce serait de ne pas hésiter à sortir de la normalité, à sortir du cadre, le normal n’attire pas l'œil, il faut savoir se démarquer. Dans le monde de l’entreprenariat, vos résultats sont adossés à votre engagement, c’est une chance immense de pouvoir voir le fruit de ses actions. Si je devais repartir de zéro aujourd’hui, je referais la même chose mais 15 ans plus tôt.
Si vous souhaitez en savoir plus sur moi et sur mon entreprise, je vous invite à vous rendre sur mon site internet, sinon, je suis actif sur X (ex-Twitter) et un peu moins actif sur Linkedin et sur Instagram. En tout cas, n’hésitez pas à nous suivre, notre prochaine plantation qui portera le nom d’Alain Fournier - car toutes nos parcelles portent le nom d’un personnage historique du Berry -, sera bientôt prête.
Arrivez-vous à conserver un bon équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie personnelle ?
Il est très difficile de garder son équilibre de vie entre vie professionnelle et vie personnelle, surtout quand, comme mon cas, mon lieu de travail est ma maison. Il est donc difficile de tracer une frontière, mais on apprend avec le temps.
À côté du travail, il faut faire d’autres activités ! Moi, j’aime faire du bricolage et du jardinage, cela rentre un peu en résonance avec ce que je fais actuellement, tout en gardant ce sens de l’innovation et de l’inventivité. En parallèle, j’ai deux sujets qui me passionnent également : la météo et la politique. Pour me détendre, j’aime me balader sur les chemins de campagne, à pieds ou en quad, ou encore aller dîner au bistrot de l’Abbaye, qui est un endroit très reposant. Je vous recommande de venir visiter les Truffières du Berry ! On peut y faire 2 heures de visite, de découvertes scientifiques, géologiques et biologiques. Derrière, on redirige les gens vers des endroits adaptés à leurs envies (découverte de la cathédrale de Bourges, balade sur l’Indre, visite de la vallée de la Creuse, visite du château de Guédelon, ou celui de Valençay,...). Sinon, je vous recommande la petite ville de Saint-Ambroix, une magnifique commune du Cher, avec un très bel étang et un petit coin de pêche.
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