Si vous avez des enfants, c’est peut-être votre bête noire à chaque rentrée des classes : l’arrivée à la maison des terribles poux. De ce thème quotidien et redouté par nombre de parents, un jeu est né : « Kill All Lice ». Et il a été conçu près d’Orléans, à Fleury-les-Aubrais.
Près d’Orléans aussi se trouvent des studios de jeu vidéo. Pourtant, quand on s’aventure dans les rues pavillonnaires de Fleury-les-Aubrais, on ne s’en douterait pas forcément. Mais lorsque Robin Buisson nous ouvre la porte de sa maison abritant son studio, on a déjà un peu plus d’indices. Deux énormes bibliothèques remplies de bande dessinées, des figurines représentant aussi bien un personnage de la saga Assassin’s Creed que l’inspecteur charismatique de Black Sad. Les références à la pop culture sont exposées, et assumées.
Des références qui se trouvent également dans le dernier bébé de Guild Studio : « Kill All Lice ». C’est le deuxième jeu proposé par le studio orléanais, après « Shadow of the Guild », une adaptation de l’univers littéraire de Robin. Oui, car ce dernier, en plus d’être le directeur du studio, est également développeur, narratif designer et auteur de livres. La marque de fabrique de sa boîte ? Des jeux créés « en 2D, à l’ancienne. On est des amoureux du dessin et de la bande-dessinée », assure Robin. Il faut dire aussi qu’il n’est pas le seul à tout faire. Dans l’aventure, le Fleuryssois est accompagné de deux associés (un graphiste et un sound designer) et d’un alternant en développement.
Pour revenir à « Kill All Lice », l’idée a germé dans sa tête il y a environ un an et demi. Et le pitch est « très simple », soutient Robin. On incarne une équipe de nettoyeurs parachutés sur la tête d’une enfant qui a attrapé des poux. Votre mission, si vous l’acceptez : endiguer l’invasion. « J’ai eu cette idée au cours du développement de mon premier jeu. Mes enfants rentraient de l’école avec des poux, et ça m’a donné cette envie de créer une catharsis pour les joueurs, et notamment pour les parents. C’est comme ça qu’est venue l’idée, sur la tête de mes enfants », plaisante aujourd’hui le Fleuryssois.
Un univers très coloré
Vous l’avez compris, « Kill All Lice » est un jeu qui se veut avant tout « très fun, très drôle, avec beaucoup de jeux de mots sur l’univers de la salle de bain et de l’hygiène ». Mais l’expérience vidéoludique propose une double lecture, d’après son créateur, puisqu’on « suit aussi le drame familial de cette petite fille à travers l’invasion de poux. Au fur et à mesure des têtes sur lesquelles on va passer, on va avoir une satire des habitudes des différents personnages de la famille, puisque chaque tête a son propre style, son propre level design, et ses ennemis vont évoluer en fonction des habitudes du porteur. »
Pour se faire une petite idée, vous allez commencer votre aventure sur la tête de la petite fille qui a attrapé des poux et qui mange énormément de bonbons. L’univers sera alors très coloré. Quand on va passer sur la tête du père « qui est un fumeur invétéré », l’ambiance sera « beaucoup plus sombre, brumeuse », un peu à la « Sleepy Hollow », de Tim Burton, détaille le gamer.
Relativement simple à jouer avec peu de boutons à utiliser pour que ce soit accessible au plus grand nombre, Robin s’est inspiré de plusieurs références pour concevoir « Kill All Lice » : le jeu d’arcade « Metal Slug », mais aussi « Earth Worth Jim », un jeu de Super Nintendo « qui m’a bercé pas mal de temps durant mon enfance », et « Starship Troopers » pour la référence « aux invasions de petites bêbêtes ».
« On a été les premiers de cordée sur Orléans »
L’idée n’est pas que chacun joue de son côté, mais bien en coopération avec un véritable esprit d’équipe, car « Kill All Lice » se veut transgénérationnel : « quand les enfants venaient tester le jeu en salon, qu’on donnait le thème et le sujet à leurs parents, et qu’on leur disait que ça se jouait à deux, eux aussi venaient essayer. Et il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir un parent s’installer à côté de son enfant, et de se mettre à jouer avec lui. En tant que père, moi, ça me touche beaucoup. »
Si monter son studio de jeu vidéo peut en faire rêver plus d’un, concrétiser ce projet est tout sauf un long fleuve tranquille. « L’implantation à Orléans s’est passée de façon compliquée au départ, car les gens ne savaient pas forcément vers qui on devait se tourner dans ce domaine. On s’est donc mis en relation avec différentes personnes au niveau de Tours, qui a déjà un historique de ce côté-là qui est plus important, avec la présence du E-sport, le Japan Tours Festival, etc… », explique Robin, qui ne regrette rien : « on a été les premiers de cordée sur Orléans, mais il en faut bien, et on a eu la chance que la Région Centre-Val de Loire, au travers de la CCI, et notamment la Technopôle d’Orléans, nous suive et nous soutienne encore sur le projet. » Le Fleuryssois précise que le secteur du jeu vidéo sur le territoire commence à évoluer, même s’il est conscient qu’il est très difficile de percer dans le domaine, actuellement en difficulté économique, en particulier pour les studios indépendants.
Si vous avez envie de chasser les poux avec votre enfant, sachez que « Kill All Lice » est prévu pour durer quatre à cinq heures, avec huit têtes différentes sur lesquelles zigouiller les petites bêtes. La démo du jeu est disponible gratuitement sur la plateforme Steam pour avoir un premier aperçu. L’œuvre devrait ensuite sortir d’ici la fin de l’année prochaine dans son intégralité.
Comments